PROBLEMES DRESSAGE EQUIDES
Problèmes courants de dressage... |
Le dressage n'est pas seulement affaire de technique et passe avant tout par la connaissance du comportement des chevaux et de leur langage. La plus grande erreur quand on veut dresser un animal, est de le prendre pour son semblable (anthropomorphisme), c'est à dire un humain ; voici quelques comportements dus souvent à ce type d'erreurs et quelques solutions...
Elles sont inspirées des théories de Monty Roberts et de Pat Parelli.
(Nous restons bien entendu dans l'ordre du général, car il est difficile de régler un comportement anormal sans avoir tous les éléments et sans avoir pu tester l'animal !)
Il vous parle... écoutez-le !
Les attitudes du cheval sont parlantes pour qui sait les comprendre : oreilles, regard, naseaux, autant de moyens pour lui de vous parler et pour vous d'anticiper sur son ressenti...
Petit lexique du langage équus (tel que défini par Monty Roberts) :
Contentement : oreilles souples, yeux doux et rêveurs, lèvre supérieure détendue et tombante,
Crainte : oreilles vers l'arrière, yeux grands ouverts et sur le blanc, naseaux ouverts, respiration forte.
Intérêt : oreilles tendues vers l'avant, naseaux légèrement ouverts.
Ennui, fatigue, infestation par les vers : baillements...
Menace : oreilles couchées, naseaux palpitants, bouche entrouverte découvrant les dents.
Répulsion : oreilles légèrement couchées, bouche fermée, naseaux palpitants, lèvre supérieure tremblante.
Sieste : yeux mi-clos, oreilles pendantes, tête basse, lèvre inférieure pendante, pied arrière sur la pointe.
Il tire "au renard"
Cause : Peur de se sentir piégé, manque de confiance en son dresseur.
Approche : Apprendre à céder à la pression, sur tout le corps (Pat Parelli, utilise le jeu du "Porc épic" qui consiste à demander une réponse, avec un pression progressive pour désembiliser les résistances du cheval.
Mise en oeuvre :
Se mettre par exemple derrière le cheval et le stimuler à aller de l'avant, sans le tirer en force, car s'il résiste physiquement, vous ne serez jamais gagnant.
Commencez par lui passer une longe par dessus la base de l'encolure et remonter au fur et à mesure que cette pression ne déclenche plus de réaction de défense. Mettre une pression vers le bas, attendre et à la plus petite cession la relâcher immédiatement, en ouvrant la main.
A chaque cession, encourager de la voix et recommencez l'exercice jusqu'à ce que la moindre pression le fasse céder. Remonter petit à petit la longe jusqu'à la nuque (à ce stade le cheval devrait avoir compris et devrait céder à la moindre demande).
Répéter l'exercice aussi souvent que nécessaire.
Le faire céder aussi pour déplacer les postérieurs ou le faire reculer (pression sur le chanfrein ou sur le poitrail) en appliquant le même principe : demander, attendre, lâcher la pression une fois la réponse obtenue, récompenser (caresse, friandise ou repos), puis recommencer.
Faire l'exercice au licol selon le même principe.
Il ne veut pas passer dans l'eau
Cause :
Peur, manque de confiance en son cavalier. Le cheval à du mal à distinguer la profondeur même s'il s'agit d'une flaque;
Approche :
Mise en confiance, respect du cavalier;
Mise en oeuvre :
Le mener en longe sur des chemins avec de l'eau et l'obliger à le faire passer, ne serait-ce qu'un pied, dans l'eau. Se positionner juste, lui demander d'avancer, s'il refuse attendre et augmenter la pression, relâcher aussitôt qu'il fait mine d'avancer. Cela peut pendre plusieurs séance et chaque séance doit se terminer par un mouvement volontaire du cheval d'y aller. Ca peut être au début juste le nez du cheval qui se tend vers la flaque, un pied dedans, etc. Essayer aussi de le faire reculer dans la flaque ! Une fois qu'il a les pieds dedans récompenser et recommencer en marche avant. Le cheval doit savoir que vous êtes plus têtu que lui et que c'est à vous de gagner ce jeux. Il doit se lasser avant vous ! C'est parfois difficile d'être patient mais ça fini toujours par payer par la suite ! Courage et patience ! ! Au fur et à mesure des essais, cela prendra de moins en moins de temps pour le convaincre, jusqu'à ce qu'il se rende compte par lui-même que ce n'est pas dangereux et qu'aussitôt votre demande exécutée vous le laissez tranquille !
Peur des soins ou du spray
Cause :
Peur de la nouveauté, manque de confiance en lui.
Approche :
Lui prouver que même si c'est nouveau et non connu de lui, il n'a rien à craindre !
Mise en oeuvre :
Méthode de l'approche et retrait, en rythme. Remplir un vaporisateur avec de l'eau. Le tenir en longe. Commencer par vaporiser autour de vous, si le cheval recule, le laisser faire sans arrêter de pulvériser autour de vous tant qu'il recule. Quand il commencera à s'habituer, il s'arrêtera de lui-même et vous pouvez stopper l'exercice, vous approcher et le récompenser.
L'étape suivante conciste à recommencer en s'approchant de la tête. Puis en étant plus précis, sur le nez, par exemple. Après un bref mouvement de recul, il se calmera progressivement. Toujours l'accompagner dans son mouvement, s'il tire, toujours suivre la direction, éventuellement le retenir un peu s'il essaye de s'échapper en force, le cheval doit toujours vous regarder, chasser ses postérieurs s'il vous les montre ! Surtout ne pas le bloquer, (En lui laissant la possibilité de fuir de ce qui le panique, cela le rassure) Quand il accepte enfin les soins et qu'il ne bouge plus, arrêter, le récompenser et recommencer le lendemain !
Associer les soins à une friandise juste après, il associera très vite les 2 opérations ! Et toujours terminer la séance sur un point positif, sans lui demander trop d'un coup en brûlant les étapes. Le récompenser et passer à autre chose !
Il colle, et ne veut pas partir seul
Cause :
Instinct grégaire, manque de confiance en vous qu'il ne considère pas comme son chef et protecteur.
Approche :
Lui prouver qu'il peut vous faire confiance en toute sécurité.
Mise en oeuvre :
Commencer par vous éloigner un peu et revenez vers lui avant qu'il ne montre des signes de panique ou qu'il ne veuille rentrer de lui-même. Aller de plus en plus loin, et le récompenser à chaque fois. Ne surtout pas s'acharner à le faire avancer avec la cravache car il associerait "le départ de l'écurie avec des coups de cravache"... donc il réfusera d'autant plus de s'éloigner de l'écurie ! Le prendre ensuite à la longe, l'emmener loin de l'écurie et le laisser brouter.
En associant la sortie de son petit monde sécurisé à une activité agréable, cela ne devrait plus poser aucun problème.
Il est sur l'oeil
Il se méfie de tout.
Cause :
Manque de confiance en lui, en son cavalier, en l'extérieur.
Approche :
Augmenter sa connaissance de situations nouvelles pour les banaliser.
Mise en oeuvre :
Commencer par le travailler à pied : manier une brouette à proximité, une tondeuse, l'amener à proximité d'enfants qui jouent au ballon par exemple, d'autres animaux : poules, chiens, etc.
Puis lui proposer des exercices plus spécifiques en le faisant passer sur une bâche, dans un passage étroit, dans l'eau, par dessus un obstacle (le cheval doit être respectueux à la longe et respecter la distance de sécurité).
Pratiquer les balades rênes relâchées, Comme il aura la tête mobile, il pourra plus facilement son se rassurer en regardant autour de lui. S'il fait un écart sur un objet lui faisant peur, retourner auprès de l'objet, le laisser sentir. Insister raisonnablement mais s'il refuse vraiment, recommencer plus tard et attendre devant l'objet en le motivant et le féliciter à chaque progrès ! (Voir : "les mots pour le dire" sur ce site !) S'il baisse l'encolure pour sentir l'objet, c'est bon signe ! Mais il doit être libre de rebrousser chemin pour pouvoir fuir s'il en ressent le besoin.
Dites-vous toujours que même si cela prend un peu de temps, un cheval qui a appris n'oublie jamais !
Il a le nez en l'air
Cause :
S'il est détendu (à la longe et sans enrênements) vérifier qu'il ne souffre pas du dos. Il est possible que votre crispation ou une main trop lourde le fasse réagir ainsi.
Approche :
Lui apprendre à se détendre, même monté.
Mise en oeuvre :
Commencer la reprise en rêne longue au pas, puis passer au trot, toujours rênes longues. Même s'il cherche à accélérer, ne pas le retenir mais accompagner le mouvement, lui indiquer seulement la direction, faire des transitions. Après plusieurs séances, il devrait avoir appris à se détendre.
Reprendre gentiment le contact avec le mors tout en gardant le contact avec les jambes, le caresser avec les jambes.
Si le problème persiste et qu'aucune amélioration ne se fait sentir après plusieurs séances, un vétérinaire vérifiera s'il ne souffre pas du dos, et si la selle est bien adaptée.
Il bouge au montoir
Cause :
Manque de respect, vérifier d'abord que le fait de la monter ne lui procure pas un désagrément de type harnachement mal réglé, etc.
Approche :
Restaurer les contrats ! Le cheval ne doit pas bouger, même rêne longue !
Mise en oeuvre :
Testez-le en le laissant paître librement (sans selle ni bride) en restant à son contact, et faites mine de lui monter dessus en exerçant des pressions sur son dos...
S'il réagit bien, ce qui devrait finir par se faire à la répétition systématique de l'exercice, vous poursuivrez cette banalisation de la monte, en le sellant et répétant la manoeuvre.
Tous les équidés que j'ai débourrés l'ont été selon cette méthode, (expliquée sur le site) et je leur monte dessus à cru sans aucune manifestation particulière... reprendre l'exercice souvent jusqu'à l'immobilité totale.
Prendre appui sur l'étrier, se mettre sur le côté, si le cheval bouge dire « NON » et redescendre. Le caresser partout, désensibiliser, il faut pouvoir faire le tour du cheval sans qu'il bouge, bien récompenser de la voix, ne pas se mettre en selle tant qu'il ne garde pas l'immobilité. Une fois celle-ci obtenue, s'asseoir et récompenser, éventuellement avec une friandise. Pour ma part, quand il commence à bouger, je ne monte pas et le fait "travailler" dur au sol.
Il lui faut alors peu de temps pour enregistrer que s'il reste tranquille au montoir on ne lui demande rien d'autre, pour l'instant. C'est fini, il ne bougera plus !
Il embarque !
Cause :
Manque de respect, manque de dressage, peur ou douleur de dos... Cela peut aussi venir d'un problème aux dents : à vérifier avec le maréchal ferrant ;
Approche :
Reprendre la base en travaillant sur du plat. Eviter de le laisser prendre des décisions de direction, d'allure ou autre. Rétablir votre ascendant car si vous le laissez décider, il finira tôt ou tard par vous embarquer.
Eviter de lui matraquer la bouche avec un mors de torture qui lui donnera une bouche de plus en plus dure. ça fonctionnera peut-être au début mais ensuite le cheval va s'adapter.
Régler cela au niveau où cela se passe, dominez-le mentalement ! Un cheval respectueux n'embarque pas. Travailler le dressage de base sur le carré, transition arrêt, obéissance. En dernier recours, lui apprendre à désengager l'arrière main avec une rêne.
Mise en oeuvre :
Si vous tirez sur les 2 rênes en même temps, vous allez faire engager d'avantage votre cheval. Il s'appuie sur cette contrainte et gagne en puissance. Apprenez-lui à faire une flexion latérale avec une rêne, au pas, au trot puis au galop. Il doit apprendre à céder à la demande jusqu'à ce que cela devienne un réflexe positif.
L'arrêt d'urgence mérite aussi un peu plus de temps d'apprentissage. Une fois que le cheval A la tête tournée et donc les postérieurs désengagés sous le corps, il perd en puissance et évolue naturellement vers une volte que vous règlerez de plus en plus petite.
Attention : c'est vous qui risquez d'être surpris à l'arrêt brutal du cheval ; emporté par l'énergie cinétique accumulée, vous risquez de chuter. Cheval et cavalier doivent donc s'entraîner ensemble à cette situation...
La base d'une bonne équitation est de savoir différencier l'action sur chacune des rênes, et trouve ici tout son intérêt.
Il est difficile à attraper dans sa pâture
Cause :
Manque de respect, association du cavaler au travail, manque de motivation.
Approche :
Associer votre venue à du plaisir et pas tout le temps au travail ! Langage du corps important si manque de respect, se comporter en dominant.
Mise en oeuvre :
Aller le chercher pour le faire brouter, pour une visite, pour une friandise. Dissocier votre venue du travail. Casser la routine, en variant les activités de sortie de pâture !
S'il joue avec vos nerfs en vous évitant, imposez-lui le respect en le contrôlant à distance. Il va vite comprendre qu'il ne peut éviter de se "rendre" et vous pourrez l'approcher - par les épaules toujours (zone neutre) - pour lui mettre le licol. Ne pas le coincer physiquement mais toujours mentalement, (panique assurée et situation dangereuse.)
Vous devez pouvoir lui mettre le licol sans vous battre, tranquillement.
Il tire pour rejoindre sa pâture
Cause :
Une fois de plus, c'est le signe d'un manque de respect vis à vis de vous.
Approche :
Rétablir la hiérarchie : vous êtes son protecteur mais le dominant.
Mise en oeuvre :
Avant tout, obtenez le respect à pied, à la longe : distance de sécurité que vous avez décidé. Une fois ce pré-requis rétabli, choisissez un jour où vous êtes en forme, prenez des gants en cuir et choisissez une belle journée (mais ne faites pas cette mise au point très physique en pleine chaleur). Prévoyez aussi suffisamment de temps pour la mener à bien.
Amenez-le vers la pâture avec un licol bien ajusté (en corde). Si le cheval tire, il va tout de suite sentir un contact désagréable alors qu'avec un licol ordinaire, il risque de s'appuyer dessus.
1) l'amener en prenant soin de le faire rester derrière ! Il doit apprendre à respecter cette hiérarchie, le chef devant ! S'approcher de l'entrée de la pâture et tenir fermement en lui disant d'attendre, s'il fait mine de tirer, un coup sec vers le bas accompagné d'un « NON » cinglant.
Ne lâchez pas le contrôle quand il est entré, il doit continuer à vous respecter dans la distance de sécurité. Dernier conseil, évitez d'enrouler la corde autour de la main et s'il persiste à fuir, retourner le chercher et recommencer...
La plus grande qualité d'un homme de cheval reste la patience !
2) S'il tire déjà à l'approche de la pâture, faites-le reculer jusqu'à l'entrée. Une fois à l'intérieur attendre, avant de le laisser brouter et ne pas le détacher tout de suite. S'il tire, résister et ressortir en refaisant l'entrée. Faire mine de le détacher en touchant le mousqueton, mais maintenir la pression en lui demandant d'attendre.
3) Si c'est le bruit du mousqueton qui est le signe de la récréation, mettez-lui une autre longe sur le licol pour l'habituer à attendre. Le retenir s'il essaie de tirer, le faire reculer. Ressortir encore et recommencer l'exercice.
Il ne supporte pas le contact des jambes
Cause :
Hypersensibilité, peurs dues à un débourrage raté ou de mauvaises expériences.
Approche :
Le désensibiliser...
Mise en oeuvre :
La désensibilisation ne s'impose que si la sensibilité est due à une peur.
En aucun cas il ne faut désensibiliser le cheval aux jambes par une répétition appuyée des aides. Un cheval sensible et réactif est un atout à ne pas gâcher.
Patience donc et procédez par étape : faites cet exercice en carrière, au pas, après une séance de détente rênes longues, caresser le cheval avec les jambes, légèrement, en balançant les jambes de chaque côté et en le rassurant de la voix. S'il s'énerve et se met à trotter, le laisser rênes longues en continuant à le caresser avec les jambes, sans pression, en l'effleurant.
Puis essayez de l'arrêter à la voix. Ca ne se fera sûrement pas à la première séance ! Ne pas le retenir dans sa fuite, laisser lui choisir son allure en l'accompagnant et gardant seulement le contrôle de la direction.
Lorsque le cheval ralentit, ce qui finira par arriver, félicitez-le et demandez-lui de s'arrêter avec une rêne, tout en continuant à le caresser. A l'arrêt total, félicitez-le encore récompensez-le (arrêter également les caresses avec les jambes.)
Le cheval comprendra que sa fuite ne fait pas arrêter la cause de son inquiétude mais plutôt que c'est lorsqu'il se calme que cette cause disparaît.
La répétition de l'exercice en diminuera rapidement la durée jusqu'à ce qu'il soit complétement rassuré.
On peut aussi commencer par le le désensibiliser avec les mains quand on est à pied. Assurez-vous juste de votre sécurité et de celle du cheval au cas où il panique.
Il refuse de monter dans son van
Cause :
Peur, claustrophobie, impossibilité de pouvoir fuir, manque de confiance dans la personne qui le charge.
Approche :
Lui apprendre les passages étroits, le mettre en confiance dans ces situations difficiles.
Mise en oeuvre :
Cette situation de ne pouvoir fuir en avant et totalement anti-naturelle pour un équidé qui est depuis toujours un "animal proie". Aidez-le à surmonter cette épreuve en lui rendant agréable un endroit peu naturel et stressant.
Habituer le cheval à surmonter des difficultés en construisant un parcours avec des obstacles. La règle de base est de passer devant, sans regarder le cheval, avec éventuellement quelqu'un derrière qui le stimule sans le forcer.
Un cheval sans appréhension monte volontiers dans son van.
Pratiquer la méthode Monty Roberts ou Parelli, en demandant à votre cheval d'entrer de lui-même dans le van, et d'y rester sans paniquer.