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Le CHEM

PLANTES TOXIQUES aux EQUIDES

Plantes toxiques pour les équidés



Les prés servant de pâture doivent être débarrassés des plantes toxiques. Il faut surveiller aussi les arbres qui poussent autour, s'ils sont à portée de dents, ou au moment de la perte des feuilles que le vent peut emporter assez loin !

A la différence des ruminants, les équidés ne disposent pas, au niveau de l'estomac, d'une flore bactérienne qui épure leurs aliments. Mais surtout, les équidés ne peuvent ni vomir, ni régurgiter des aliments nocifs. Il ne faut pas cependant faire une fixation sur la longue liste de ces toxiques : certaines de ces plantes sont rares ou poussent en altitude comme l'aconit et d'autres ne sont dangereuses qu'à forte dose. Enfin, certaines ne croissent que dans des territoires très limités, comme le redoul dans le midi ou la férule en Corse.

Les chevaux et les poneys n'ont pas forcément l'instinct de la bonne nourriture. Bien qu'ils apprécient peu les aliments amers, certains ne résistent pas à la vue d'une fleur qui peut leur être fatale.
Ils sont d'autant plus exposés au risque d'empoisonnement qu'ils n'ont pas été élevés en compagnie de congénères adultes.
Dès que ses dents de lait poussent, le poulain commence à flairer puis à mâchouiller quelques herbes avant de brouter exactement là où broute sa mère (nez à nez) en l'imitant scrupuleusement.
Lorsque la jument trouve une plante dangereuse, elle produit avec les naseaux, une sorte de ronflement d'alerte que le cerveau du poulain apprend à associer à l'odeur particulière de la plante. C'est ainsi qu'il fait son apprentissage des toxiques.

Hélas, il est fréquent que l'on prive les poulains domestiques de cet enseignement en les parquant entre eux, dès le sevrage et en les sevrant trop tôt. Privé de la "culture" des adultes, le poulain doit alors faire seul son apprentissage avec tous les risques que cela comporte...
Les chevaux ayant rarement l'occasion d'être lâchés au pré se montrent également plus sujets aux empoisonnements que ceux qui pâturent régulièrement. Ils sont à la fois moins prudents et moins expérimentés.
De même lorsque l'herbe se fait rare ou trop sèche, les chevaux ont tendance à se laisser tenter par des plantes qu'ils évitent habituellement...
Enfin, loin de leur région d'élevage, même les vieux routiers peuvent se laisser surprendre par une plante toxique, inconnue dans leur territoire d'origine.

Les prairies bordées de forêts sont des zones dangereuses, et il faut être très vigilant lors de balades, aux lisières des forêts.

Nous avons complété notre liste initiale, suite aux nombreuses questions de nos lecteurs : les plus toxiques sont titrées en rouge.

Jacobée ou séneçon ou herbe de St-Jacques : (Senecio jacobea) Famille des composées (comme la marguerite). Espèce de séneçon à fleurs jaunes, commune dans les bois et les prés, qui n'est pas consommée à l'état frais par les chevaux au pré, sauf en cas de disette. C'est avant tout une plante qui risque de contaminer le fourrage.
Son ingestion régulière, en grande quantité, provoque une atteinte du foie.
Les lésions hépatiques sont irréversibles.
Les symptômes sont un amaigrissement progressif, une anémie (perte de globules rouges, avec des muqueuses qui deviennent pâles), une constipation et des troubles nerveux, dus à l'incapacité du foie à éliminer les toxiques (l'ammoniaque en particulier) ; la mort survient en quelques semaines s'il n'y a pas de traitement adapté.

Troène : (famille des oléacées) Arbuste à fleurs blanches en grappes, odorantes, souvent cultivé en haies. Hauteur : 2 à 3 m

Acacia commun ou robinier: (Robinia pseudoacacia) ; on ne s'en méfie pas assez ; comme on fait souvent des poteaux de clôture avec cet arbre, on oublie trop souvent que les chevaux peuvent les ronger. Son écorce et ses feuilles notamment après leur chute, ingurgitées de façon massive, peuvent aboutir à la mort en quelques heures (cas Mongoublin). L'écorce ainsi que les feuilles, les fleurs et les baies sont toxiques ; 150 grammes d'écorce suffisent à entraîner des troubles digestifs mortels (coliques spasmodiques), une forte sudation, et des troubles nerveux (troubles de la démarche, convulsions, paralysies…) En cas d'ingestion massive, purger d'urgence, administrer des toniques rénaux et cardiaques et mettre sous perfusion.

Faux-ébénier ou cytise : (Cytisus laburnum) Famille des papilionacées. Arbuste à grappes de fleurs jaunes et feuilles trifoliées, souvent planté comme ornemental (hauteur : jusqu'à 7 m). Les feuilles, les fleurs et surtout les baies sont toxiques.
L'ingestion provoque une forte sudation, des tremblements musculaires et parfois des convulsions. La mort peut survenir si les muscles respiratoires sont atteints soit environ 250 grammes de baies ingérées.

Belladone : (Atropa belladonna) Famille des solanacées. Plante herbacée des taillis et décombres, à baies noires de la taille d'une cerise très vénéneuse mais peu répandue. Elle contient un alcaloïde : l'atropine utilisé médicalement à très faible dose.
L'ingestion, même en faible quantité, de feuilles, de fleurs ou de baies provoque des troubles importants, proche de ceux observés lors de l'intoxication au datura conduisant à la mort : affaiblissement, troubles nerveux, constipation…

Ciguë : (famille des ombellifères) Plante des décombres, des chemins, très vénéneuse ; contient un alcaloïde toxique : la cicutine. La grande ciguë peut mesurer jusqu'à 2 m.

Loenanthe safranée : (Oenanthe trocata) Famille des ombellifères, fréquente au bord des pâtures, aimant plutôt les terrains granitiques de l'Ouest de la France.
L'ensemble de la plante est toxique, mais celle-ci diminue dans la plante sèche. L'ingestion de racine fraîches, est le plus souvent responsable de l'intoxication.
Il faut tout de même 1 gramme de racine par kilo de cheval pour le tuer (soit 500 grammes environ). Les symptômes sont avant tout digestifs (coliques, diarrhée) et nerveux (convulsions). Suivant la dose ingérée, la mort peut survenir très vite en cas d'ingestion massive mais la guérison est possible autrement, avec quelquefois des séquelles nerveuses (paralysie de l'arrière main).

Laurier-cerise : (Prunus laurocerasus) Prunier à feuilles persistantes, et à fruits comestibles. Les risques d'intoxication existent surtout lors de la taille.
Son ingestion peut conduire à la mort après des troubles respiratoires et éventuellement nerveux. La quantité toxique est variable, selon le plant, la nature du sol, l'ensoleillement...
Lors d'ingestion modérée, les symptômes peuvent rétrocéder. Sinon, la mort survient généralement rapidement. Des traitements sont possibles mais pas forcément une garantie, compte-tenu de l'évolution rapide de l'intoxication.

Le laurier-rose: (Nerium oleander) Plante ornementale pas particulièrement appréciée par les équidés. Elle est très toxique, voire mortelle : des animaux se seraient intoxiqués en buvant dans un abreuvoir contenant des feuilles de laurier-rose ! Toutes les parties de la plante sont donc toxiques, ainsi que le jus qu'elle produit et il faut se méfier des fourrages qui pourraient en contenir ! 30 à 60 grammes de feuilles suffisent à tuer un cheval et il n'existe aucun traitement efficace. Les troubles sont essentiellement digestifs et cardiaques, puis nerveux et respiratoire, avec mort par asphyxie.

Le cyprès : Peut provoquer une intoxication semblable à celle provoquée par l'if, mais la dose toxique est plus importante et les symptômes généralement moins graves.

Digitale pourpre: (digitalis purpurea) Genre de scrofulariacées dont les fleurs ont la forme d'un doigt de gant aux fleurs en forme de cloches mauves ou roses, et qui croît dans les sous-bois clairs, sur sol siliceux. On extrait de la digitale pourprée un poison violent : la digitaline, utilisé dans le traitement de certaines maladies du coeur. En général, les chevaux évitent cette plante. En cas d'ingestion, ne serait-ce que 150 grammes, ils risquent de mourir de paralysie respiratoire.

Bryone : (famille des cucurbitacées) Plante grimpante à fleurs verdâtres et à fruits rouges, commune dans les haies et dont la racine est toxique.

Gland du chêne : (Quercus pedunculata/ petraea) Le fruit du chêne, peut se trouver en grande quantité dans les bois en automne.
Les glands verts contiennent davantage de produits toxiques. Les troubles surviennent généralement après plusieurs semaines de consommation régulière.
Ils contiennent des tanins qui provoquent des troubles digestifs : coliques violentes, diarrhée… Le Mal de Brou correspond à l'ingestion de jeunes pousses de chêne au printemps et donne les mêmes troubles.
La mort survient parfois en cas d'ingestion massive.

If : (Taxus baccata ) Arbre gymnosperme à feuillage persistant et à baies rouges que l'on trouve encore beaucoup dans les cimetières et sur terrain calcaire, pouvant pousser spontanément dans les montagnes calcaires, peut atteindre 15 m et vivre plusieurs siècles. Moins d'une centaine de grammes ingérés peuvent être fatals ! L'if ressemble à un sapin, mais ses aiguilles sont plus plates, de couleur vert-foncé et brillant d'un côté, et vert-pâle et mat de l'autre. et il n'a pas de résine. A l'automne, les pieds femelles portent de petits fruits rouges, seuls éléments de l'if qui ne soient pas toxiques.
Les feuilles, bois et écorces sont toxiques et la graine que l'on aperçoit par l'ouverture du fruit est, elle, très toxique. Les intoxications surviennent généralement chez les chevaux ayant accès à des branches élaguées.
Si le cheval a consommé de l'if, il faut lui retirer immédiatement de la bouche les branches toxiques et appeler d'urgence le vétérinaire. Hormis un lavage gastrique et l'administration d'un purgatif, il n'existe pas d'antidote au taxol, la toxine contenue dans cet arbre.
Si le cheval est vraiment intoxiqué, il va manifester des signes d'excitation nerveuse, puis de prostration, des troubles de l'équilibre, avant de tomber dans un coma dont il ne se relèvera pas ... Il n'existe ni traitement efficace ni antidote.

Datura : Le Datura stramonium ou Stramoine ou "Pomme épineuse" est le plus connu des dérivés atropiniques. Cette spectaculaire plante arbustive pouvant atteindre 1,5 m, parfois appelée trompette des anges contient des alcaloïdes tropaniques potentiellement dangereux. On la trouve dans les lieux incultes ou au bord des chemins.
Son odeur vireuse, très caractéristique, est suffisamment dissuasive pour ne pas tenter les équidés (en tout cas ceux habitués à vivre une partie de l'année en pâture)
Les feuilles (contenant de l'atropine) sont hallucinogènes, antalgiques et narcotiques et utilisées dans la pharmacopée traditionnelle contre la spasmophilie, la maladie de Parkinson et même pour lutter contre l'asthme ! Les graines sont par contre inscrites au codex, c.a.d, très toxiques !
Les principaux effets en cas d'ingestion sont :
  • La tachycardie et une insuffisance respiratoire,
  • La sécheresse des muqueuses et la constipation,
  • Une mydriase (dilatation des pupilles) intense avec troubles de la vision,
  • L'hyperthermie.
  • A préciser pour finir, que cette plante n'est pas couramment inscrite dans les tableaux des toxiques pour équidés à cause de son odeur répulsive, de sa saveur désagréable et amère.

    Le millepertuis : (Hypericum perfolatum) Plante à fleurs jaunes très répandue provoquant une photosensibilisation (manifestation cutanée due à une irradiation sur la peau par diverses substances. Les symptômes apparaissent généralement rapidement après l'ingestion : rougeurs, cloques, suintement surtout aux endroits où la peau est fine…
    La zone démange souvent, l'animal se gratte, est agité. Cela peut aboutir une forte dépression et éventuellement une atteinte rénale.
    Le traitement consiste à garder l'animal à l'ombre jusqu'à guérison et à traiter les plaies.

    La mercuriale : (Mercurialis annua/ perennis) Petite plante présente dans les prés et donc le fourrage, consommée encore une fois en cas de pénurie d'herbe.
    Elle provoque une atteinte du sang (destruction des globules rouges) et des troubles digestifs. Sa toxicité est maximale à la fin de l'été et rend l'urine foncée et les muqueuses jaunes. Effectuer un traitement de soutien et éventuellement une transfusion, en fonction de l'importance des symptômes.

    La colchique : (colchicum autumnale) C'est une plante Liliacée, à bulbe, dont la fleur rose-lilas ressemble à celle du crocus. Elle fleurit à l'automne dans les prés.
    Elle peut être ingérée à l'état frais, mais c'est souvent par l'ingestion de foin contaminé que l'intoxication se produit. Elle contient, dans ses feuilles et ses baies, de la colchicine, mollécule utilisée dans le traitement de certains cancers. Les troubles surviennent quelques heures après l'ingestion : coliques violentes accompagnées de diarrhées souvent hémorragiques. La mort survient généralement par insuffisance circulatoire et rénale. Aucun traitement sûr n'existe.

    Le rhododendron : (Rhododendron ferrugineum) Plante à fleurs décoratives de terre de bruyère se trouvant aussi en prairie en région montagneuse. Les équidés n'en raffolent pas en situation normale. Elle provoque des troubles digestifs, locomoteurs et respiratoires. La plante sèche est moins toxique.

    Le buis : (Buxus sempervirens) L'intoxication par cet arbuste ornemental nécessite l'ingestion d'environ 750 grammes de feuilles fraîches ou d'écorce, pour donner lieu à des coliques violentes et des diarrhées. Des troubles nerveux (convulsion et paralysie respiratoire) sont également possibles en cas d'ingestion massive.
    Cependant, nos poneys font chaque hiver une taille à une allée de buis que nous avions plantée dans leur bois, sans présenter le moindre trouble !

    La fougère aigle : (Pteridium aquilinum) Cette une fougère rencontrée sur les sols siliceux, surtout présente en lisière des forêts ou des clairières.
    Les chevaux ne la consomment que faute de mieux bien que certains en soient friands naturellement, à la fin de l'été.
    Toutes les parties de la plante sont toxiques, qu'elle soit fraîche ou sèche.
    C'est l'ingestion régulière de la plante qui est toxique (sur 15 à 30 jours).
    Les troubles sont principalement nerveux : faiblesse, tremblements musculaires, spasmes, convulsions… Le risque de mortalité est important.
    Un traitement à base de vitamine B1 peut être tenté chez le cheval.

    Le houx : Ses drupes sont émétiques et purgatives, elles étaient autrefois utilisées pour ces effets.
    Le feuillage frais ou séché, était employé dans les pharmacopées traditionnelles pour ses propriétés diurétiques et fébrifuges, pour calmer les toux, les crises de goutte et l'arthrite.
    Le feuillage, l'écorce et les drupes contiennent un alcaloïde, la théobromine (substance proche de la caféine) qui selon le dosage peut être toxique pour les chevaux et les animaux domestiques, agissant sur le système nerveux.

    Le thuya : Très commun dans nos haies, il peut causer des coliques graves en cas d'ingestion massive.

    La prêle : (Equisetum arvense/ palustre) Elle contamine essentiellement le fourrage. L'apparition des troubles survient après 1 à 2 semaines d'ingestion quotidienne.
    Les symptômes qui rappellent ceux causés par la fougère-aigle sont des troubles de l'équilibre et de la démarche, une urine éventuellement foncée, puis la mort.
    Un traitement à base de vitamine B1 donne souvent des résultats.

    Les trèfle blanc, hybride et incarnat : Ce n'est pas tant le trèfle qui est en cause que le champignon parasite qu'il abrite souvent ; ce dernier est responsable de la redoutable "trifoliose" ou "maladie du gros foie" qui se déclare cependant après une ingestion massive et répétée de trèfles hybrides sur une longue période.
    On observe un amaigrissement avec baisse de l'état général, des signes urinaires, nerveux, digestifs. En 1992, cette maladie a décimé les prés normands.
    Attention : Le trèfle blanc, ou ses parasites, sont aussi soupçonnés d'avoir une action négative sur la fécondité des juments !
    * Il existe plusieurs sortes de trèfles ; le trèfle blanc (trifolium repens), le trèfle hybride (trifolium hybridum) et le trèfle incarnat (trifolium incarnatum).

    Le sorgho : Lorsque la plante est jeune, elle est toxique pour la jument gestante, chez qui elle provoque avortement et malformations foetales.

    La renoncule : (ou bouton d'or) n'est dangereuse qu'en cas d'ingestion massive.
    N'est cependant pas appréciée des chevaux, qui les laissent dans les pâtures.

    La betterave rouge : Seules les feuilles sont toxiques et non les racines.



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