Méthode de pré-débourrage

Greg Ward
En arrivant au ranch Ward, j'ai vu quelque-chose qui m'a procuré une vive émotion. Greg m'a appelé :
- Monty, viens voir mes nouveaux " bébés ".
Ils sont arrivés, conduits par cinq personnes qui les ramenaient du pré sans même les tenir par le licou, les laissant aller où ils voulaient, se contentant de les accompagner, de les suivre, jusqu'à ce qu'ils puissent profiter du moment où ces animaux, jeunes et nerveux, auraient envie de pénétrer dans la cour, une fois là, ils ont été sellés et leurs cavaliers, les ont montés avec ménagement.
- Pendant leurs premiers jours sous la selle, m'a expliqué Greg, on leur laisse faire ce qu'ils veulent, sans exercer la moindre traction sur les rênes.
J'ai regardé les cinq cavaliers se laisser conduire vers la piste d'entraînement en suivant une allée. Les portes ont été fermées derrière eux, mais les chevaux pouvaient aller où bon leur semblait sur cette piste ovale de huit cents mètres de tour.
Un sixième cavalier, monté sur un cheval expérimenté, tenait une longue baguette à l'extrémité de laquelle était fixé un fanion en plastique qui lui permettrait, le cas échéant, d'éviter que l'un des chevaux ne représente un danger pour les autres.
Greg a ajouté :
- Peu importe la direction qu'ils prennent. Ils peuvent faire tout ce qui leur passe par la tête.
- J'ai observé ces cinq chevaux qui flânaient. S'ils voulaient s'arrêter un moment pour brouter l'herbe le long de la barrière, ils s'arrêtaient. Si l'envie leur venait de traverser la piste pour aller voir de l'autre côté, ils traversaient.
S'ils préféraient courir un peu, ils partaient au petit galop jusqu'à ce qu'ils changent d'avis. S'ils voulaient rester plantés sans bouger, ils n'en faisaient pas plus. S'ils décidaient de se coucher et de se rouler sur le dos, ce n'était pas un problème : le cavalier descendait de cheval et regardait sa monture se vautrer dans l'herbe, insouciante.
- Et vous les laissez faire ce qu'ils veulent pendant combien de temps ?
- Vingt jours.
Je m'émerveillais de ce spectacle, et plus encore de la justesse du raisonnement qui le sous-tendait.
Ces chevaux étaient en train d'apprendre à supporter le poids d'un homme, et ils avaient aucune raison d'associer cette nouvelle situation avec l'idée de brimade. Ils s'habituaient progressivement au fait d'avoir un cavalier sur le dos, et ainsi, il n'y avait pas le moindre risque qu'ils éprouvent du ressentiment ou développent des tendances agressives envers leurs partenaires humains...