CHUCHOTEURS ETHOLOGIE pour CAVALIERS et DRESSEURS

HISTOIRE d'une DEFAITE

Souvenirs

Annie-Noël

Montmorency
Parc de la mairie
02.09.1961.

Histoire d'une défaite

« Allons faire du vélo dans les allées du parc de la mairie, par ce bel après-midi de septembre ».

Sur l’avenue principale qui conduit du centre du pays à la forêt, voici l’entrée du parc. Deux grandes portes (grilles en fer forgé noir et or) accueillent largement les visiteurs ; citoyens qui se rendent à la Mairie ou promeneurs. Elles sont ouvertes durant toute la journée, même le dimanche.
Une statue de bronze, teintée de vert de gris, monte la garde…

« Qui est-ce ? »
Un guerrier, revêtu d’une cotte de maille, courte. Une jupe, aux plis raidis, découvre des jambes d’athlète. Deux bras musclés s’appuient sur une lourde épée de granit.
Regard sévère ; les lèvres disparaissent sous des moustaches longues et fournies, bouclées ; des cheveux tressés sortent d’un casque orné de part et d’autre de cornes de bison.
Les oreilles sont protégées par des rectangles de cuir. Le personnage paraît, tout droit sorti des BD chères au cœur des jeunes écoliers : serait-ce ASTERIX ?

Eh ! bien, non !
Gravée dans le socle, sur lequel il est dressé : VERCINGETORIX, et en dessous : ALESIA, enfin, la date en chiffres romains : d’octobre 52 avant Jésus-Christ ; à cette date, VERCINGETORIX, vaincu, devint le prisonnier de l’empereur romain, JULES CESAR.

Annie, mère soucieuse du développement culturel de son fils, Etienne, bicycliste de 4 ans, l’arrête, « Stop » au cours de ses rondes folles :
« Etienne, connais-tu cet ancêtre gaulois ? »
Assis sur la selle de son engin, un pied posé sur la pierre de la stèle, le petit garçon jauge le géant, de bas en haut. Concentré, muet, sourcils froncés… ne trouvant pas la solution, pressé de repartir, Etienne lance, bravement, « C’EST UN CON ! »

Sous le regard éberlué de Maman et celui de VERCINGETORIX, impassible, il s’élance PFT ! à toute allure dans les allées latérales de parc conduisant à la Mairie.
Toutes ensoleillées, celles-ci sont bordées de platanes centenaires, de tremblants bouleaux, de saules attendrissants…

Libre et heureux
Tel un oiseau bleu
Léger…
Mais…très mal élevé !

Le 2 Juillet 2013.