CHUCHOTEURS ETHOLOGIE pour CAVALIERS et DRESSEURS

Fifi de la Garde

Souvenirs

Annie-Noël

Marseille
Résidence Ispahan

Fifi de la Garde

Alix et Mamie-Noël redescendent de Notre Dame de la Garde.
Dans le sentier rocailleux qui conduit à une place proche du Vieux-Port, fleurissent sur le talus des giroflées couleur marron et feu ; Alix en a cueilli quelques tiges qu’elle tient, bien serrées, dans sa petite main fermée.

A l’arrivée sur la place, quelle joie ! Un manège scintillant et chantant tourne allègrement.
Alix confie son bouquet à Mamie-Noël et, « hop », grimpe sur un cheval noir… qui monte et qui descend ! Mamie-Noël s’assied sur l’une des chaises vertes qui entourent le manège.

Tiens ! Une silhouette minuscule sort des feuilles gris vert du bouquet, avec lesquelles elle se confondait. Elle s’étire, passe d’une feuille à l’autre, faisant corps avec une coquille frêle et transparente, à peine teintée de jaune.
Cet « ami » inattendu a été précieusement ramené à la Résidence ; il a été déposé sur le balcon aux baies vitrées largement ouvertes, dans des jardinières de terre.
Fifi — tel est son nom — est placé dans cet oasis de fraîcheur.
Tout petit qu’il est, il gravit les tiges, les unes après les autres ; disparaît sous les feuilles arrondies ; il part, en visite, chez les pots voisins. Les capucines, aussi, font d’agréables cachettes.
Dans le ciel bleu tournaient, au-dessus des balcons, des pies et des mouettes grises et blanches, au solide bec jaune.

Alix est repartie chez ses parents, à Vaires-sur-Marne. Sa sœur aînée, Julia qui sait écrire, demande, comme il se doit, des nouvelles de Fifi de la Garde.
Mamie-Noël retrouve le petit randonneur — juste à temps — pour répondre qu’il continue à vivre là, heureux.

Mais, un jour, un orage violent éclate sur la plage et dans la ville. Des rafales de vent balayent le balcon, les jardinières de géranium et de capucines.
Mamie-Noël recherche Fifi ; elle reçoit la pluie cinglante, sans pouvoir se protéger. C’est, en vain, qu’elle soulève les tiges et les feuilles courbées par le vent.
Il faut se rendre à la triste réalité, Fifi de la Garde a disparu…

Une goutte ronde, brillante, glisse, lentement, sur le visage de Mamie-Noël, telle une larme silencieuse…

[L’art d’être grand-mère]