CHUCHOTEURS ETHOLOGIE pour CAVALIERS et DRESSEURS

DIMANCHE en FETE

Souvenirs

Annie-Noël

Grenoble,
Vaulnaveys-le-haut.

Dimanche en fête

A l'appel des cloches, nous nous rendons à l'église du village, en habits du dimanche, ce qui veut dire qu'il ne faut pas les salir (pas de cabriole dans l'herbe verte, pas de grimper sur les murs et dans les arbres).

Nous pénétrons pieusement dans l'église.
A notre grand étonnement, les hommes sont “ au perchoir “, il faut traduire : à la tribune, le reste de l'assistance restant au pied du Seigneur.

A la fin de la messe est distribué par des enfants de chœur turbulents et affairés, le pain béni : brioche, offerte tour à tour par des familles chrétiennes, coupée en petits morceaux et partagées entre tous en signe de fraternité.

Par une grâce spéciale, à la sortie de l'office nos grands-parents nous emmènent choisir un gâteau à la pâtisserie voisine ; il fera fête sur la table réservée à la famille, dans la pension où nous séjournons.

Il est de bon ton d'y faire salon, après le repas.

Immobilisés, nous formons un auditoire favorable à Monsieur Faubert, ancien Inspecteur de l'Académie : “ Ah qu'elle était jolie, la petite chèvre de Monsieur Seguin... “ Drapé dans sa houppelande noire, il agite une petite barbe pointue tandis qu'il imite à merveille la voix chevrotante de ce doux animal, en ses réponses naïves.

François est appelé en renfort pour une partie de belote ou de billard, par des pensionnaires de l'âge de Grand-Père. S'il s'agit d'un jeu de boules “ à la longue “, Poucette tient sa place, pointant bien.

Séparé de son compagnon d'armes, sans livre, elle fuit les travaux de broderie au point de croix, imposés par Grand-Mère ; elle s'évade, en chantant pour et en elle-même, son air préféré entendu sur le phonographe du salon :
" Petite bohémienne,
Je voyage beaucoup,
De Paris jusqu'à Vienne,
De Grenade à Moscou.
Ah ! (vingt trois fois) “, répétition du plus bel effet !